Interview Philippe Jambrésic - Architecte chez Jambrésic Architecte

Interview Philippe Jambrésic - Architecte chez Jambrésic Architecte

Diplômé en 1990 à l’ENSASE, Philippe vous partage aujourd’hui son parcours et son métier à travers à cette interview.  Il n’a cessé de se former tout au long de sa carrière. Ses formations l’ont amené à voyager à travers le monde pour découvrir les pratiques d’ailleurs. Il a entrepris depuis deux ans, un nouveau challenge : le développement de sa propre entreprise d’architecture. 

Découvrez dès à présent son métier, une sélection de ses projets et des conseils pour évoluer à son tour dans le domaine de l’architecture.

Bonjour Philippe, en quoi consiste votre métier ? 

Architecte à Saint-Etienne, je travaille essentiellement sur des missions de maîtrise d'œuvre. C’est-à-dire que j’assure la conception puis le suivi de réalisation d’une commande publique ou privée en m’associant avec d’autres compétences. Celles-ci peuvent être assez variées : bureaux d’études spécialisés, designer… Pour atteindre nos objectifs, nous créons une équipe adaptée à l’enjeu du projet. Par ailleurs, je réalise, également en partenariat, des études d’usages et de faisabilité sur des sujets très divers ainsi que du conseil architectural pour le département.

Pouvez-vous nous en dire plus sur l'entreprise Jambrésic Architecte ? 

C’est une jeune entreprise créée il y a deux ans et demi, en octobre 2020. Seul à bord, je suis accompagné par des collaborations externes notamment pour la gestion administrative des chantiers et lorsque le projet le nécessite pour la partie production des études et du dessin.

Voulez-vous nous parler de quelques-uns de vos projets ? 

Récemment, je suis intervenu sur le château d'Essalois, un site sensible dans les gorges de la Loire. Il fallait faire preuve de beaucoup de modestie et de discrétion pour intervenir à la bonne l’échelle et garder au château son caractère de vieille ruine romantique avec des grands vides à l’intérieur. Pour cela, nous avons eu une réflexion technique qui nous a conduit à poser des vitrages à la fois sans menuiserie et sans reflets. Outre l’amélioration de l’accessibilité, il s’agissait d'améliorer le lieu de travail des personnels d’accueil pendant la période estivale. 

Je peux aussi vous parler du projet de restructuration de la mairie de Sorbiers (Loire). Ici, le projet est différent, il fallait signifier une identité forte à ce bâtiment qui n'exprimait pas tout à fait son statut d’édifice public. Il fallut dessiner un nouveau hall d’accueil, des espaces de travail, des bureaux etc…. Et aussi travailler l’insertion dans un très beau parc  et le lien avec l’espace public au travers d’un parvis. 

Enfin un projet très différent, il s’agit de la création d’ombrières photovoltaïques à proximité d’un centre aquatique. Le sujet est technique, mais c’est aussi un projet de paysage qui doit s’inscrire dans le contexte d’une écriture architecturale forte située en entrée de ville. Par une somme de petits détails, un certain nombre de mètres carrés de panneaux photovoltaïques ont été installés formant un tout qui fonctionne et laisse vivre le site. L’ombre produite sur les stationnements, par la qualité d’usage qu’elle apporte, garantit une meilleure acceptabilité de l’installation par les visiteurs.

Si je peux sans doute faire valoir une expertise, l’architecture doit aussi transmettre des émotions. Mon questionnement porte sur l'environnement et sur les valeurs du projet. La proposition architecturale est au croisement de cette perception du paysage et de l’écoute des usages. C’est l'attitude que je défends aujourd’hui au travers de la formule “Du paysage à l’usage”.

Selon vous, quelles sont les qualités à avoir ?

Il y a deux versants de qualités : 

  • le versant opérationnel : il faut avoir de la rigueur, être opiniâtre, avoir un peu de constance. Ce sont des qualités liées au fait de réaliser un projet.

  • le versant créatif : il faut avoir de l’imagination, de l’intuition et de l’écoute. 

C’est parfois difficile, il faut se structurer pour avoir ces deux niveaux de qualités différents. Patrick Berger, enseignant à l’école d’archi, disait : “c’est un métier de moine-soldat”. Il faut à la fois le côté moine avec de la rigueur, de la profondeur, et le côté soldat pour son engagement et sa persévérance. Il faut de l’énergie pour faire avancer un projet, être dans l’interaction tout en ayant suffisamment de recul et d’écoute pour trouver la bonne direction. 

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ce métier ?

J’aime le côté créatif, c'est une dimension qui me passionne. C’est satisfaisant de mener à bien un projet et de voir les personnes en prendre possession avec le sourire. Ils n’imaginent peut-être pas toujours la nature du travail investi, mais ils ont une sensibilité. Le fait qu’ils se sentent bien dans le lieu nouvellement créé pour eux les renvoie à une certaine dignité. 

Aussi, grâce à ce métier, je suis en prise avec les problématiques sociales, urbaines, géographiques et écologiques de l’époque. Ce sont des challenges importants et intéressants. De ce fait, c'est un métier assez motivant qui pousse à la rencontre.

Quel est le plus grand challenge que vous rencontrez ?

C’est d’avoir créé une nouvelle entreprise à 60 ans. C’est vraiment mon plus grand challenge d’aujourd’hui. En ce qui concerne le métier d’architecte, j’ai acquis une certaine expérience, mais aujourd'hui, développer une identité professionnelle nécessite bien des remises en question. 

Quelles formations avez-vous suivies ?

Je suis diplômé de l’école d'architecture de Saint-Etienne en 1990. J’ai continué à me former à la pratique professionnelle dès le début de mon exercice, parce qu’à l’époque, il n'y avait pas la HMONP (habilitation à la maîtrise d'œuvre en son nom propre). On devait acquérir ce volet sur le tas par la fréquentation de confrères plus aguerris. Puis en 2010, j’ai suivi une formation plus substantielle sur l’environnement : la QEB (qualité environnementale pour le bâtiment et l'urbanisme). Elle m’a permis de voyager en Autriche, en Belgique, pour avoir des retours d’expériences sur des modes de construction à forte valeur environnementale. 

Pourquoi avoir choisi l'ENSASE ? Que vous a-t-elle apporté ?

J’ai choisi l’ENSASE en 1980, pour son enseignement du projet, sa taille modeste et son dynamisme : des qualités qui existent encore aujourd’hui. À l’époque, les autres écoles de la région étaient plus grandes et moins vivaces. 

Elle m’a apporté une curiosité, une culture architecturale et constructive. Mais aussi des outils intellectuels assez généraux que j’ai pu mettre en œuvre progressivement au cours de ma carrière.  

Un conseil pour les jeunes qui souhaitent se lancer ?

Il y existe plusieurs voies possibles pour exercer. On peut avoir un exercice individuel, entrer dans une agence plus ou moins structurée ou encore faire de l’architecture d’une autre manière du côté de la maîtrise d’ouvrage… Repérer les différentes manières d’exercer le métier n’est pas évident au début de sa carrière. Il est bien se confronter au réel le plus tôt possible, tenter des expériences pour savoir ce qui nous correspond, ce pourquoi nous avons une sensibilité et ensuite persévérer ! Ne pas rester seul, mais conserver son identité et sa curiosité pour le métier d’architecte qui demande un engagement certain !


Nous remercions Philippe Jambrésic pour son témoignage. Si vous souhaitez le contacter, rendez-vous directement sur son profil

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