Interview Michel Guillon : de l'urbanisme à l'expertise d'assurance, du salariat à son compte

Interview Michel Guillon : de l'urbanisme à l'expertise d'assurance, du salariat à son compte

À travers l’interview de Michel Guillon, diplômé de 1976, nous découvrons certainement une des carrières les plus polyvalente ! De l’urbanisme à l’expertise d’assurance, du salariat à son compte, Michel revient sur son parcours professionnel dans le but de nous livrer ses apprentissages et bons conseils.

Bonjour Michel, pourquoi avoir choisi l’ENSASE ?

Bonjour, j’ai commencé mes études d’architecture à Lyon dans un contexte post 68. Un passage qui fut assez frustrant dans cette école qui s’interdisait le recours à des professeurs architectes et dont les locaux étaient de simples préfabriqués (et les cours se transformaient souvent en AG !)

C’est pourquoi, parmi d’autres étudiants, j’ai recherché une autre école. Certains sont partis sur Paris. J’ai eu connaissance qu’à Saint-Étienne, sous le parrainage de Candilis et le soutien de Seignol (architecte de la maison de la culture de St-Etienne) une UPA a été créée. J’ai pu m’y inscrire, avec d’autres. Nous avons bien fait puisque nous avons bénéficié de l’enseignement de gens comme Mario Bonilla, Seralta, Perret, Véran en descriptive. Mais j’arrête l'énumération... 

Avez-vous une anecdote à nous raconter lorsque vous étiez sur les bancs de l’école ?

Un des élèves de l’époque Pierre Tranchand - qui est aujourd’hui dessinateur de bande dessinée sous le nom de Pica - avait esquissé une caricature de M. Candilis. J’ai le souvenir de l’expectative de Candilis devant cette salutation estudiantine qui était plutôt bienveillante.J’ignore bien sûr encore aujourd’hui les conclusions de son attente.

Qu’avez-vous fait après le diplôme obtenu, en 1976 ?

Direction l’Allemagne pour mon service militaire. Une chance dans ce cadre : une visite de Berlin encore coupé par le mur. Découverte de la Philharmonie de Hans Scharoun, du musée de Mies Van der Rohe, de l’université libre de Candilis, et tant d’autres choses. Berlin : une ville à découvrir absolument par les archis ! En rentrant, j’ai monté une agence avec mon frère dans le beaujolais. Quelques réalisations dont une salle des fêtes qui a fondu dans un style vernaculaire... Et nous avons aussi été contactés par un constructeur dont les propos engageants se sont traduits  par la seule mise en forme et la signature de dossiers de permis de construire, sans voir l’ombre d’un client ni d’un terrain. Je me suis donc échappé de cette première expérience.

Avant de partir pour l’Alsace où j’avais quelques contacts, j’ai participé, pour respirer un peu, au concours “La Poste dans la cité de demain”.  Plus de 500 candidatures et 70 projets réellement déposés. J’ai travaillé sérieusement et ma proposition a été primée. Un bon bol d’air frais.

Une fois arrivé en Alsace, la proposition d’embauche d’un architecte (laquelle dépendait en fait d’une affaire qu’il n’avait pu concrétiser) a été annulée. Je me suis donc retrouvé le bec dans l’eau ! Suite à cela, j’ai pu intégrer une agence d’urbanisme à Colmar. En fait il s’agissait de l’élaboration de POS , réglementation et zonages de communes rurales. Parfois, il fallait faire face à des tensions bien évidemment, mais avec le recul et très brièvement, ces interventions, non architecturales, ont eu tout leur sens pour contenir l’extension des villages, éviter le mitage et préserver les espaces naturels. 

Comment avoir rejoint le domaine de l’assurance ?

Après mon expérience en urbanisme réglementaire, j’ai eu l’idée saugrenue de me lancer à nouveau à mon compte. J’ai dû alors mettre à profit mes compétences au sein de projets de rénovation d’HLM et d’entreprise, d’extension, et de POS en sous-traitance. Cependant, j’ai eu du mal à trouver l’équilibre financier, et peut-être que la prospection n’était pas faite pour moi !

J’ai alors rejoint l’expertise d’assurance durant une quinzaine d’années. Les expertises sont une activité où nous sommes amenés à rouler beaucoup sur le Grand Est. A côté des dossiers de particuliers (dégâts des eaux, incendies, tempêtes et autres inondations, il y avait aussi des dossiers dits « construction » : biennales, décennales, assistance à expertises judiciaires. Les dossiers constructions étaient mes préférés. Cette activité m’a permis en 1999/2000 de construire ma propre maison avec une maîtrise d’ouvrage rare : mon épouse et moi !

Quel est le métier qui a conclu votre carrière ?

La vie n’étant pas un long  fleuve tranquille mais plutôt une caravane (peuplée de gens), j’ai rejoint en 2009 le milieu hospitalier au sein de la Maison du Diaconat. Il s’agit d’une fondation qui possède plusieurs établissements hospitaliers dans le Haut-Rhin et le Bas-Rhin. J’ai exercé durant cinq ans en tant qu’assistant du directeur des services techniques. Il s’agissait de suivre les chantiers pour le compte de la maîtrise d’ouvrage. Il  y avait aussi de la maintenance, monter des dossiers de certification, etc… D’anciens élèves peuvent en parler plus que moi. Depuis 2014, je suis à la retraite.

Avez-vous un conseil à donner aux étudiants ?

Lors de mes études, nous avions un projet d’étude d’une salle de cinéma. Avec Martine Reymond, ancienne camarade, nous avons eu le culot de prendre contact avec le groupe Publicis.

À notre grande surprise, nous avons été reçus par le fondateur en personne, Marcel Bleustein-Blanchet ! L’entretien s’est terminé sur une phrase dont je me souviens encore très bien : “Lorsque vous aurez fini votre projet, revenez me voir”.

L’eau a coulé sous les ponts et à l’occasion de ma participation au concours de la poste dont j’ai parlé, ce souvenir m’a accompagné. Monsieur Bleustein-Blanchet, ancien résistant,  créateur d’une agence de pub., d’une chaîne de cinémas, mais aussi en 1959 d’une fondation de soutien à des jeunes motivés qui reste aujourd’hui présidée par sa fille Élisabeth Badinter, n’était pas un homme qui parlait pour ne rien dire. Je suis certainement passé à côté d’un beau programme : « Soyez attentifs ». Mon conseil repose donc sur cette anecdote, qui peut paraître anodine, mais qui aurait pu m’ouvrir l’esprit.

Je pense qu’il faut être à l’écoute des rencontres qu’il faut aller chercher lorsqu’on est étudiant. Tout un programme...

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