Interview Laurane Ponsonnet : Responsable Aménagement et Cadre de Vie Durable

Diplômée en 1997, Laurane s’est créé un chemin dans l’urbanisme pour intégrer épures, l’agence d’urbanisme de la région stéphanoise en 2018. Elle est actuellement responsable du pôle aménagement et cadre de vie durable, et ses missions font dialoguer les projets urbains avec les sujets environnementaux et les évolutions des modes de vie.
Bonjour Laurane, pourriez-vous nous parler de vos années d’études ?
Bonjour, je suis entrée en 1991 à l’école d’architecture de Saint-Etienne après un parcours scolaire très classique et un bac socio-économique. Fascinante période marquée par les débuts de la CAO DAO que l’on sauvegardait encore sur des disquettes ou des ZIP! Pas encore internet, des rOtrings, du calque. Je me rappelle également la multiplicité des matières, avec une teinte artistique issue des Beaux-Arts encore bien prononcée.
Mon goût pour l’urbanisme est d’ailleurs né à travers les cours passionnants d’histoire des villes qu’ont enseignés François Tomas, Mario Bonilla et Daniel Valla (Cartes & Plans venaient de sortir). Je ne pourrai pas citer tou.te.s les enseignant.e.s qui ont marqué mes études, ils et elles sont trop nombreux.
Quelle a été votre voie après votre diplomation ?
En 1997, DPLG en poche, j’intègre une agence d’architecture à Paris avant de tenter l'aventure du libéral pour quelques années.
C’est en 2005 que ma transition vers l’urbanisme s’effectue, lorsque je reviens dans la région stéphanoise, agréablement surprise par une ébullition urbaine et culturelle conduite sous l’égide de Michel Thiollière : Les ateliers espace public, l’émergence de la cité du design, le foisonnement des projets urbains, la mise en place de l’ANRU et l’arrivée de l’EPASE.
J’ai donc intégré le Service Urbanisme de la ville, je m’y suis plu, j’ai donc ensuite passé le concours d’ingénieur territorial, option urbanisme. Cette formation m’a permis d’ajouter une corde à mon arc, celle de la maîtrise d’ouvrage urbaine. J’ai tout d’abord accompagné de nombreux projets urbains sur la ville de Saint-Etienne, puis à l’échelle de la métropole, et aujourd’hui à une échelle interterritoriale. J’élargis petit à petit mon territoire en quelque sorte.
Vous êtes actuellement responsable du pôle aménagement et cadre de vie durable à épures, quelles sont vos missions ?
Épures est l’agence d’urbanisme de la région stéphanois, c’est une association née en 1967. Son nom signifie Études des Plans d’Urbanisme de la Région Stéphanoise. Nous sommes aujourd’hui entre 35 et 40 collaborateurs scindés en trois pôles d’études et un pôle ressource. J’encadre le pôle dédié aux études urbaines et aux questions environnementales. Un autre pôle est dédié à la planification, un autre aux thématiques (habitat, économie, développement social…) mais finalement, nous travaillons tous en grande transversalité.
Mes missions consistent à encadrer une petite équipe aux compétences variées et très complémentaires, je n’ai pas abandonné pour autant le plaisir de la production d’études, et une part importante de mes missions consiste à accompagner nos adhérents, qui sont majoritairement des collectivités, dans la prise de (bonnes) décisions en matière d’aménagement du territoire. Je trouve cette dimension d’animation très intéressante.
Quelles sont vos perspectives d’évolution ?
Je m’étais jurée que si un jour, je m’ennuyais dans mon métier, j’en changerai. Il se trouve qu’après toutes ces années passées entre le salariat, le libéral, les collectivités et aujourd’hui épures, j’apprends encore chaque jour ; aujourd’hui sur des sujets passionnants comme les transitions environnementales, sociétales ou démocratiques ; demain sur la question du ou plutôt des sols, bien commun à l’architecte et à l’urbaniste (foncier) mais aussi lieu de tension ou de conciliation possible entre le développement urbain et le développement du vivant. Cela convoque une diversité de points de vue qui, dans des approches parfois trop thématisées, avaient du mal à dialoguer (la technique, le sociologique, l’environnemental, les sciences du vivant…).
Autres exemples sur lesquels on travaille beaucoup en ce moment à l’agence, la santé environnementale et les approches d’urbanisme favorable à la santé. Mes missions consistent aussi à faire dialoguer les acteurs et à préconiser les meilleures solutions pour l’aménagement de notre territoire ligérien.
Donc, pour répondre à votre question, je suis loin de m’ennuyer, et il reste tellement de chemin à parcourir…
Qu’est-ce qui a changé en trente ans dans le vaste milieu de l’architecture et de l’urbanisme ?
Dans les années 90, il n’était pas aussi évident de parler d’environnement dans une école d’architecture. Dans mon souvenir, il y avait même plusieurs écoles au sein de l’école : d’un côté ceux en faveur de la technicité architecturale, débridée par le développement du numérique. D’un autre, on a assisté à l’émergence d’un enseignement plus orienté culture, art, philosophie, où l’architecture est vue comme un acte artistique, proche d’un acte politique, et d’un autre côté encore, certains défendaient des approches plus sobres, teintées de bio climatisme, d’architecture en bois et terre, de circuits courts, mais ce n’était pas le discours dominant. Parler d’environnement à l’école d’archi dans les années 90, ce n’était pas à la mode ! Heureusement, quel chemin parcouru depuis 30 ans !
Aujourd’hui plus que jamais, les transitions environnementales sont au cœur du débat, qu’il s’agisse de sobriété foncière à atteindre, de maîtriser les cycles de l’eau, de pallier les déperditions énergétiques des bâtiments, de protéger les habitants de toutes les nuisances. (air, bruit, risques…). Les architectes de demain seront amenés à réhabiliter l’existant dans une proportion au moins équivalente à celle de construire de nouveaux bâtiments, dans un contexte à mon avis de plus en plus circulaire, sobre et vertueux. Une bonne nouvelle pour la planète et ses futurs habitants, et de belles perspectives pour les architectes, qui heureusement ne seront pas les seuls à répondre à ces questions.
Avez-vous un conseil à donner aux étudiants ?
Éclatez-vous pendant vos études ! Les enseignements dispensés sont si riches et si divers. Ce mélange entre l’approche technique, artistique, sociologique fera votre force et votre agilité pour aborder votre futur métier, quel qu’il soit, dans la maîtrise d’œuvre, la maîtrise d’ouvrage ou dans un autre domaine, qui sait…
Et jetez un œil de temps en temps aux sites des agences d’urbanisme :
https://www.fnau.org/fr/la-fnau/
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