Interview Jean-Luc Venard : architecte Atelier 3A

Jean-Luc Venard sort diplômé de l'ENSASE en 1978. Après avoir effectué son service militaire en République Démocratique du Congo ainsi qu'une première année d'expérience chez un architecte, il retrouve un ancien camarade de classe, Jean-Pierre Boujot, avec lequel il s'associe pour former l'Atelier 3A à Pélussin, agence d'architecte dans laquelle il exercera pendant 40 ans. A travers ce témoignage, Jean-Luc revient sur son parcours à l'ENSASE et sur ses missions en tant qu'architecte dans le Pilat !
Bonjour Monsieur Venard, pouvez-vous nous présenter votre parcours académique ?
J’ai passé un baccalauréat D (Sciences Naturelles) dans un lycée à Saint-Etienne avant d’entrer en école d’architecture, à l’ENSASE, en 1972, il y a tout juste 50 ans. Je devais faire partie de la deuxième promotion, l’école était toute jeune.
J’ai fait mes 6 ans d’études au sein de l’école puis une fois mon diplôme en poche en 1978 j’ai été appelé pour faire mon service militaire. Je suis donc parti en coopération en République Démocratique du Congo pendant 20 mois. A l’époque, je ne faisais pas encore d’architecture, j’étais enseignant dans un centre d’urbanisme. Mais une fois rentré en septembre 1980, j’ai trouvé du travail assez rapidement chez un architecte que je connaissais à Saint Agrève en Ardèche. J’y suis resté pendant un an et demi puis en 1981, un ancien camarade de l’ENSASE m’a contacté et m’a proposé de créer notre propre agence d’architecture à Pélussin, proposition que j’ai acceptée. Nous avons travaillé ensemble pendant plus de 40 ans et j’ai pris ma retraite il y a tout juste un an et demi.
Pourquoi avoir créé votre agence ?
Avec mon associé et ce depuis notre formation à l’ENSASE, nous souhaitions travailler en milieu rural. Pour nous, il y avait déjà beaucoup d’architectes en ville et les projets d’immeubles ne nous intéressaient pas vraiment. Ce qu’on voulait, c’était faire ce qu’on appelle aujourd’hui de l’éco-construction, d’avoir une vision métier proche de la nature et Pélussin, siège du parc du Pilat, était la ville parfaite où lancer notre activité. Au début, ça n’a pas été simple car en milieu rural le métier d’architecte n’était pas vraiment répandu et il nous a fallu expliquer, notamment auprès des maçons, à quoi nous servions et quel était notre métier.
Quel était votre métier ? Et en quoi consistait-il ?
Il y a une expression que j’aime bien pour qualifier mon métier. A l’époque il existait ce qu’on appelait les “médecins de campagne”, des médecins dédiés au milieu rural qui n’avaient pas de spécialité propre et qui intervenaient sur tout. C’est un peu comme ça que je me définissais en tant “qu’architecte de campagne”, j’étais multi-casquette. A mes débuts, je travaillais beaucoup plus avec des particuliers sur de la construction de maisons neuves. Mais après plusieurs projets réussis d’écoles, de crèches, de salles des fêtes, etc., nous avons réussi à nous faire une place dans la région et aux yeux des collectivités.
Ce qui nous intéressait dans notre métier, c’était co-construire avec le maître d’ouvrage (le client). Il était impensable pour nous de prendre toutes les décisions et d’imposer nos choix, ce n’était absolument pas notre vision. Ce qui est beau dans ce métier, c'est de créer des lieux qui ont une histoire et qui perdureront pendant des années. Et cela ne peut fonctionner que si toutes les parties prenantes du projet ont participé main dans la main. Et pour preuve de ce que j’avance, plusieurs de mes clients pour qui j’ai travaillé sont aujourd’hui de très bons amis à moi, ça ne s’invente pas !
Avec du recul, les constructions sur lesquelles je suis le plus fier ne sont pas forcément les plus marquantes au niveau architectural, mais celles qui abritent un projet qui fonctionne. Pour moi, si le client est content et se sent bien dans son habitat ou son établissement, c’est une victoire.
Pour le mot de la fin, avez-vous une anecdote, un souvenir à l'ENSASE à nous partager ?
Il faut savoir que le bâtiment de l’ENSASE était une ancienne rubanerie. A mon arrivée en 1972, l’école n’avait pas été entièrement refaite. Lors de ma deuxième année, nous avions été autorisés à dessiner nos humeurs sur les murs d’une salle qui allait être repeinte. C’était un moment très créatif et amusant. De plus, nous avions toujours l’habitude de partager un petit bout de saucisson et de vin entre camarades durant les ateliers et autant vous dire que le papier calque et le gras et le vin, ça ne fait pas bon ménage…
Je garde de très bons souvenirs de l’ENSASE, c’était une école à taille humaine mais chargée d’histoire.
Articles pouvant également vous intéresser
Diplômée de l’ENSASE en 2013, Ségolène Charles a construit un parcours mêlant architecture, urbanisme et sciences politiques. Après une thèse sur la participation citoyenne dans les projets urbains, elle coordonne aujourd’hui le Conseil de développement de la Métropole de Nantes, une instance citoyenne au rôle consultatif. Dans cette interview, elle ...
Et si quitter sa zone de confort était la meilleure façon de trouver sa voie ? Découvrez l’histoire de Pierre BAROU, ancien étudiant de l’ENSASE, dont le parcours est marqué par des expériences à l'international. De l’Allemagne à la Colombie, il a multiplié les expériences à l’étranger. Dans cette interview, ...