Interview Jade DELORME : architecte DE HMONP

Interview Jade DELORME : architecte DE HMONP

Aujourd'hui, nous avons l'honneur d'interviewer Jade, une architecte diplômée qui a accepté de revenir sur ses années d'études à l'ENSASE, ses souvenirs étudiants, mais également sur son parcours professionnel ainsi que ses missions actuelles. Après avoir obtenu son master dans le domaine d’études Habitat, urbanité, environnement, Jade s'est lancée dans une aventure professionnelle riche en expériences, notamment en voyageant en Amérique du Sud pour étudier les coopératives d'habitation. Aujourd'hui, elle est architecte DE HMONP et travaille au sein d’une agence lyonnaise spécialisée en logements collectifs. En parallèle, elle s'investit dans la vie associative pour sensibiliser le grand public sur l'habitat participatif. 

Partons à la découverte de son parcours à travers ce témoignage !


Bonjour Jade, pourriez-vous nous parler de vos années d’études ?

Je suis rentrée à l'ENSASE en 2012 après l’obtention d’un baccalauréat Économique et Social. À ce moment-là, je n’avais pas fait d’option particulière pour intégrer le monde de l’architecture, et je n’avais personne dans ma famille issue de ce domaine.

Je me suis donc lancée à l’ENSASE, à Saint-Étienne pour faire une licence. Ces 3 premières années se sont bien déroulées et j’ai souhaité réaliser un transfert d’école à Paris pour un master spécialisé en patrimoine et civilisations. Cependant, les places étant limitées, je n’ai pas pu intégrer cette formation et suis donc restée à l’ENSASE pour mon master. L’école proposait une collaboration avec l’Université nationale d’architecture et de construction d’Erevan en Arménie afin de travailler sur les enjeux sociaux et environnementaux de la rénovation d’immeubles de logements datant de l’époque soviétique. Cet échange a été fort enrichissant car il nous a permis de collaborer avec des étudiants arméniens dont la vision de l’architecture et les codes culturels sont assez éloignés de notre pratique. Lors de ma deuxième année de master, j’ai poursuivi ma formation dans l’habitat en intégrant le domaine D4 Habitat, urbanité, environnement avec Jean-Michel Dutreuil (enseignant-chercheur). 

En parallèle de mon projet de fin d’études j’ai réalisé un mémoire en mention recherche sur l’habitat participatif et le rôle de l’architecte face à une maîtrise d’ouvrage constituée en collectif de particuliers. Ce sujet m’a beaucoup intéressée et m’a permis de valider mon master en 2017. Cette initiation à la recherche et à l’habitat participatif m’a poussée à poursuivre mon engagement sur cette thématique à la sortie de mes études et je suis encore aujourd’hui très impliquée via le milieu associatif.


Avez-vous un souvenir à l’ENSASE à nous partager ?

Quand j’étais à l’ENSASE, je faisais partie du Bureau des Associations (BDA). Je garde de très bons souvenirs de cette expérience autant sur ce qu’elle m’a apporté que sur l’ambiance qui y régnait. Organiser des événements pour animer la vie étudiante m’a donné la possibilité de découvrir le monde associatif et de m’impliquer différemment dans les études en favorisant l’apport de centres d’intérêt annexes à la pratique de l’architecture.


Quelle a été votre voie après votre diplomation ?

J’ai trouvé mon premier emploi grâce à Villebrequin, une association qui met en lien les agences d’architecture avec les étudiants de l’ENSASE. J’ai été amenée à réaliser mon Habilitation à la Maîtrise d’Oeuvre en son Nom Propre (HMONP) dès cette première année d’expérience professionnelle mais avec du recul je pense qu’il est nécessaire d’acquérir plus de compétences techniques sur la pratique en agence avant de la réaliser. 

Dans le cadre de cette formation en alternance, j'ai souhaité poursuivre mes recherches de master en réalisant mon mémoire sur le métier d’assistant à maîtrise d’ouvrage (AMO) et l’apport de l’expérience d’architecte maître d’œuvre dans la pratique de l’accompagnement. C’est alors en 2018 que j’ai obtenu mon HMONP.

Suite à cela, j’ai souhaité partir en voyage car je n’avais pas pu dégager du temps pour cela pendant mes études et c’était le moment propice avant de m’engager dans le monde professionnel. Je suis donc partie en Amérique du Sud pendant 6 mois avec une amie architecte dans le but de découvrir d’autres paysages et cultures, mais aussi avec l’ambition d’en faire un voyage d’études. 

Les coopératives d’habitations, forme d’habitat participatif, sont particulièrement développées dans certains pays d’Amérique latine. Notre objectif a donc été de rencontrer des habitants, des professionnels et visiter des projets existants. Grâce à mes travaux de recherche, j’ai pu développer un réseau et obtenir plusieurs contacts avec des acteurs locaux. Nous avons ainsi pris plusieurs rendez-vous avant notre départ, ce qui a permis de guider notre itinéraire. 

En rentrant de voyage, nous avons souhaité prendre le temps de poursuivre nos recherches sur le développement de l’habitat participatif, en France cette fois-ci. Pour ce faire, nous avons également rencontré des professionnels (des bailleurs sociaux, des architectes…) et visiter des habitats existants. Notre réseau s’est d’autant plus agrandi.

C’est en septembre 2019 que je décide de reprendre une activité professionnelle en agence en rejoignant l’Atelier Régis Gachon architecte à Lyon, une agence spécialisée en logements collectifs. 

Afin de garder un pied dans l’habitat participatif, j’ai choisi de m’investir bénévolement en parallèle dans l’association Cohab’titude. Cette association a pour but de sensibiliser et informer le grand public sur l’habitat participatif dans la région lyonnaise.

Au sein de l’association nous organisons des réunions d’information auprès du grand public et des collectivités, des ateliers thématiques et des visites de projets. Nous mettons également en lien les particuliers avec notre réseau de groupes d’habitants ou professionnels de l’accompagnement. 

En 2020, les associations et professionnels de l’habitat participatif de la région ont décidé de se monter en collectif en tant que « La Fabrique de l’Habitat Participatif ». Le regroupement des acteurs locaux a eu pour intérêt de porter un projet politique unique afin de démocratiser l’habitat participatif. Cette nouvelle association a pour mission de faciliter l’émergence de projets en étroite collaboration avec la Métropole de Lyon et les communes de l’aire métropolitaine qui ciblent du terrain pour ce type de programme. 

J’ai pour ambition qu’à termes mon investissement bénévole et ma pratique professionnelle soient liés et j’y travaille actuellement. L’idéal serait, après plusieurs années de pratique en agence, de me mettre à mon compte et m’associer dans un collectif. 


Vous êtes actuellement Architecte DE HMONP, quelles sont vos missions ?

Je suis actuellement cheffe de projet et gère seule, avec le soutien de mon employeur, des projets de logements et bureaux à différentes phases d’avancement. Des études de faisabilité à la mission complète de suivi de chantier, en passant par la réalisation de permis de construire, de détails techniques en phase PRO, de dossiers de consultation des entreprises…

Toutes ces missions engagent des responsabilités que j’ai la chance de pouvoir endosser avec mon niveau d’expérience. Je peux évidemment compter sur toute une équipe de maîtrise d’œuvre et le soutien de la maîtrise d’ouvrage avec qui nous concevons ensemble ces projets. C’est avant tout un travail d’équipe. 

Qu’est-ce qu'un bon architecte ? 

Un bon architecte, selon moi, doit être à l’écoute des usagers et savoir travailler en équipe. Dans ce métier, il faut pouvoir laisser l’ego de côté et tirer parti des compétences de chacun afin d’œuvre pour l’intérêt général. 

Un bon architecte doit aussi s’adapter aux besoins actuels et tendre vers la conception de bâtiments plus durables et résilients. Compte tenu de l’impact du BTP sur les émissions carbone, nous nous devons d’agir et contribuer à un monde plus soutenable. En m’impliquant dans l’habitat participatif je prône également le vivre-ensemble et la mutualisation des moyens pour permettre l’accès à un logement digne au plus grand nombre tout en rendant l’habitant acteur de son cadre de vie. 


Quels conseils donneriez-vous aux étudiants ?

Il ne faut pas sous-estimer les enseignements complémentaires au cours de projet. Ils participent de manière indirecte à l’enrichissement de la conception architecturale, notamment en ce qui concerne les usages. C’est le cas des sciences sociales comme l’anthropologie ou la philosophie par exemple.

Profitez également du module de recherche pour approfondir vos centres d’intérêts personnels et votre orientation à la sortie de l’école. Personnellement, c'est grâce à ces travaux que j’ai pu m’ancrer dans le concret du monde professionnel, rencontrer des personnes avec qui je collabore aujourd’hui et par-dessus tout, trouver du sens à mon métier. Cela vous apporte une certaine liberté pour trouver votre voie au-delà des cours magistraux reçus à l’école. 

Pour finir, c’est une formation qui débouche sur une multitude de métiers ! Il faut s’affranchir du modèle de l’architecte maître d’œuvre en agence. J’aime dire que les études d’architecture sont une école de la vie. Et il n’y a qu’à voir les parcours de mes collègues de promotion pour le prouver. 

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