Interview Jacques BRUNET : Architecte DPLG

Dans cette interview, Jacques, diplômé en architecture DPLG, nous partage son parcours académique et professionnel. Ayant obtenu son diplôme à l'ENSASE de Saint-Étienne, Jacques a commencé sa carrière dans une agence d'architecture avant de se spécialiser dans le patrimoine. Ayant fait le tour des différents types d’architectures en France, il a découvert de nouveaux paysages et des contraintes à chaque étape de son parcours. Découvrez dès à présent sa carrière, les temps forts et les difficultés qu’il a rencontrées dans son métier.
Bonjour Jacques, quel est votre parcours académique ?
D’origine stéphanoise, j’ai commencé mes études dans deux lycées différents (Portail Rouge et Claude Fauriel). J’ai obtenu mon baccalauréat mathématique et sciences physiques (série C) en 1971.
Ayant lu un mémoire de Fernand Pouillon, architecte et urbaniste, j’ai découvert ce domaine qui m’a directement intéressé. C’est pourquoi, j’ai souhaité poursuivre mes études en école d’architecture. Pour cela, j'ai postulé à Lyon, puis j’ai entendu parler de l’ouverture d’une nouvelle école d'architecture à Saint-Étienne. L'ENSASE ouvrait son premier campus en novembre 1971, et j’ai fait partie de cette première promotion. Cela me simplifia la vie, car je n'avais pas besoin de déménager et me permettait de suivre mes 6 années de cursus dans ma ville natale. À la fin de ces 6 années, en 1977, je me suis vu diplômé en tant qu’architecte DPLG (Diplômé Par Le Gouvernement).
Avez-vous un souvenir à l’ENSASE à nous partager ?
Des souvenirs j’en ai énormément, durant ces 6 années il y a eu des temps forts.
Ce dont je me souviens plus particulièrement, si je devais sélectionner un seul souvenir, c’est la venue de l’architecte Georges Candilis sur notre campus. J’ai gardé une très bonne impression de cette intervention, car c’est une personne avec une certaine renommée qui a mis en lumière l’école. J’ai largement apprécié son sens de l’ouverture et la manière libre dont il aborde l’architecture.
En apportant une ouverture et un souffle à l’école à la suite de sa visite, Mario Bonilla, assistant de Georges Candilis est devenu professeur au sein de l’ENSASE.
Qu’avez-vous fait après avoir obtenu votre diplôme ?
Je me rends compte qu’avec du recul les études sont importantes, mais n’apportent pas toutes les connaissances en termes d'architecture. Il est essentiel d’avoir de l’expérience et de la curiosité afin d'approfondir ces savoirs. Je dois cependant dire qu’au niveau des matières annexes (construction, sociologie,...) nous avons eu tous les enseignements requis.
À la fin de mes études, j’ai rencontré par hasard un architecte sur le secteur de Saint-Étienne, qui m’a permis d’intégrer son agence afin de développer les notions au sein de son bureau d’architecture. Cette expérience a été très enrichissante, mais l’agence n’avait pas les moyens d’avoir un architecte salarié. J’ai donc changé de voie et je suis rentré au service de l’urbanisme de la ville de Rennes.
La ville de Rennes est une ville modèle en termes de politique d’urbanisme. Il existe différents services, dont un service “secteurs sauvegardés” pour les zones urbaines soumises à des règles particulières en raison de leur caractère historique et/ou esthétique.
J’ai ensuite quitté cette belle ville pour me marier et m’installer avec une stéphanoise, dans le sud de la France, à Nîmes.
Entre Rennes et Nîmes, au niveau architectural, c’est le jour et la nuit. Nîmes ne dispose d’aucune politique d’urbanisme, ni de plan d'occupation des sols. C’est pourquoi, j’ai décidé de me spécialiser dans le patrimoine, qui m’avait toujours intéressé et attiré. En rejoignant le service patrimoine, je travaillais en tant qu’architecte des Bâtiments de France. Une fois de plus, j’ai énormément appris lors de cette expérience, et j’ai souhaité poursuivre dans cette branche lorsque j’ai déménagé en Ardèche quelques années plus tard. Ce sont de nouvelles problématiques qui ont émergé, du fait du paysage en Ardèche, il y a des contraintes différentes.
Pour continuer, je suis parti ensuite à Dijon, en Côte d’Or, où le patrimoine est exceptionnel et méconnu. Ce sont beaucoup de bâtiments qui n’ont jamais été restaurés et qui sont restés avec une plus grande authenticité.
Enfin, pour terminer ma carrière, je suis parti à Toulouse pendant une vingtaine d'années, et je suis resté vivre dans cette ville. Ce sont encore une fois de nouvelles découvertes dans les Pyrénées avec les petits villages de montagnes, les stations, … Encore une fois, les contraintes et des paysages sont différents de mes expériences précédentes.
Quels sont les temps forts et les difficultés que vous rencontrez dans votre métier ?
Il y a eu beaucoup de temps forts durant ma carrière. J’ai toujours été satisfait de ce que j’ai pu entreprendre depuis la sortie de mes études. Mais on peut résumer 3 grands moments, qui sont :
La rencontre d’un architecte à la sortie de mes études
Mon expérience à Rennes, la ville exemplaire
La découverte du patrimoine français en gérant les Bâtiments de France
Ce que j’ai aimé durant mes années d’architecture, c’est que je n’ai jamais ressenti de routine, et que j’ai su prendre du recul et avoir de l’humilité face aux différents projets.
J’ai cependant connu quelques difficultés dans ma carrière, notamment lors de la gestion des bâtiments de France, il y a énormément de contraintes pour tous les acteurs et il ne faut pas être dans un jugement abrupt. Le métier d’architecte reste difficile, il faut communiquer en permanence avec différents acteurs qui ne sont pas forcément issus du domaine de l’architecture. Il faut donc faire preuve de pédagogie.
Enfin, je dirai qu’il faut également se former en continu sur le terrain, car les cours n'apporteront jamais l’intégralité des connaissances que nous devons acquérir.
Qu’est-ce qu'un bon architecte ?
Je pense et je crois qu’un bon architecte est une personne qui produit des bâtiments de qualité dans la production quotidienne. Un bon bâtiment se fait avec un bon maître d’ouvrage, un architecte, des techniciens et des moyens financiers. Tous les architectes ne peuvent et ne feront pas des constructions exceptionnelles comme l’opéra de Sydney. Aujourd’hui, à mon sens, il manque de qualité dans la production courante et les bâtiments ne sont pas toujours à la hauteur de ce qu’on pourrait attendre.
Nous devons favoriser la qualité du lieu pour améliorer l'expérience que nous avons. Par exemple, nous allons être plus favorable à faire du sport dans une bonne salle de sport, ou encore étudier dans un bel établissement scolaire.
L’architecture ne doit en aucun cas être l’événement central, mais doit accueillir les événements et la vie. Voilà une phrase que j’aime beaucoup tout comme une citation d’Auguste Perret, qui disait « L'architecture, c'est ce qui fait de belles ruines ».
Quels conseils donneriez-vous aux étudiants ?
Je leur dirais que c’est un métier difficile, quel que soit le statut de l’architecte. Si vous souhaitez vous lancer dans ce domaine, il faut être passionné et patient. Je ne pense pas que ce puisse être un simple métier alimentaire pour gagner sa vie. D’autant plus qu’en France, il y a énormément de réglementations lourdes sur l’architecture, ce pourquoi il faut être passionné pour s’engager.