Interview Irène Salonon : architecte associée

Un peu d’histoire, voulez-vous ? C’est en nous racontant son parcours qu’Iréne Salanon, diplômée de 1978, revient sur la place de l’architecte dans le contexte socio-économique des années 80. Impliquée dans le métier, c’est en retroussant ses manches et grâce aux relations établies lors de ses années d’études qu’elle s’est associée durant près de vingt ans.
Bonjour Irène, pourriez-vous revenir sur vos années d’études ?
Avant 68, seulement une poignée d’écoles d’architecture étaient en place. C’est alors que dans les années 70/71, vingt et unes Unités Pédagogiques d’Architecture (UPA) ont ouvert leurs portes dans ce domaine de formation.
J’ai donc profité de l’ouverture de l’UPA de Saint-Etienne, actuellement appelée l’ENSASE, pour débuter mon apprentissage. Les locaux se situaient dans une ancienne usine de passementerie ce qui apportait un charme à l’école.
Quelle était l’atmosphère étudiante dans un contexte post 68 ?
Je me souviens que nous étions une promotion de 70 étudiants en première et deuxième année et, pour une petite trentaine de diplômés à la fin du cursus. L’ambiance était donc tres scolaire, mais effectivement, nous étions très peu disciplinés au point d’avoir fait grève à notre arrivée à l’ENSASE !
L’architecture était-elle une voie évidente ?
Je souhaitais initialement réaliser des études de psychologie, mais comme je n’étais pas très littéraire, j’ai été recalée dans les écoles que je visais. C’est à la suite d’une rencontre que j’ai découvert le milieu de l’architecture. J’aimais bien les arts et les sciences, un duo qui m’a poussé à intégrer l’ENSASE.
Quel a été votre début de carrière ?
J’ai fait des analyses pour une commission interministérielle de Paris, sur les collectivités publiques. Très vite, mon envie de découvrir d’autres pays m’a poussé à candidater pour un poste d’enseignant en Algérie. J’ai donc enseigné l’architecture durant deux ans à Constantine.
Effectivement, je n’avais que très peu d’expérience à cet âge-là, mais il s’agissait de ressortir les apprentissages reçus deux ans auparavant, et donc encore frais dans ma tête. Mon appétence pour l’urbanisme m’a naturellement dirigé vers l’enseignement de cette discipline.
A votre retour d’Algérie, en 1982, dans quel contexte avez-vous évolué ?
Le retour a été difficile puisque je n’avais pas de réseau dans le milieu et que je n’avais finalement pas encore d’expérience de terrain. En parallèle, il faut également s’imaginer que tous les jeunes architectes issus de la création des 21 UP débouchaient en même temps !
Le contexte économique aurait aussi pu être meilleur… Les trente glorieuses touchaient à sa fin et les grandes constructions arboraient déjà les villes, ce qui ajoutait une complexité à s’insérer dans l’urbanisme.
C’est pourquoi je me suis mis à mon compte une première fois seule puis avec un ancien camarade de promo, durant deux ans, à la suite desquelles nos chemins se sont séparés par manque de revenus financiers.
Vous avez fini par vous associer avec deux autres camarades de promotion, quels ont été les projets qui vous ont marqués ?
Après quelques petites expériences professionnelles, j’ai rejoint deux amis de promotion de l’époque, Étienne Dalmasso et Gilles Grazian. J’ai collaboré avec eux durant vingt ans !
J’ai apprécié travailler pour la mairie de Rivas, à côté de Saint-Étienne, pour laquelle j’ai notamment réalisé un plan global d’aménagement qui incluait une dizaine de projets sur une quinzaine d’années. Parmi ces projets, vous trouverez la station d’épuration, l’aménagement de l’école, la rénovation de l’église, l’extension de la mairie, des lotissements, des aménagements urbains,… J’ai également travaillé pour des privés et de nombreux sièges sociaux d’entreprises. Dans ces années-là, les usines avaient compris l’importance de l’image commerciale !
Quels ont été les apprentissages durant votre carrière professionnelle et quels sont les conseils que vous pourriez donner à un étudiant ?
L’insertion professionnelle se prépare dès la première année d’étude, notamment en développant son réseau à travers de premières expériences de bureaux d’architecture. Le réseau, les étudiants le trouveront dans les stages, les emplois étudiants, le bénévolat, les événements et l’école.
Préparez, préparez, préparez !
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