Interview de Sophie Duboeuf, architecte et fondatrice de TOPOLOGY -Architectures-

Interview de Sophie Duboeuf, architecte et fondatrice de TOPOLOGY -Architectures-

D'abord influencée par ses cours d'arts plastiques, Sophie Duboeuf a trouvé sa voie dans l'architecture. Diplômée de l’ENSASE en 2013, elle est aujourd'hui à la tête de sa propre agence, TOPOLOGY -Architectures-. Elle revient sur son parcours, ses apprentissages, la diversité de son métier, les défis rencontrés, et livre ses conseils aux futurs architectes.

Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours académique et professionnel ?

Je suis entrée directement en École d'Architecture après le lycée, influencée par mon professeur d'arts plastiques qui avait lui-même étudié aux Arts Déco et à l'École d'Architecture. J'ai fait l'ensemble de mon cursus à l'École nationale supérieure d'architecture de Saint-Étienne, puis j'ai préparé la HMO (Habilitation à la Maîtrise d'Œuvre en Nom Propre) à Lyon, indispensable pour s'inscrire à l'Ordre des architectes.

Après mes études, j'ai commencé en freelance avant d'être embauchée par un architecte avec qui je collaborais. J'ai ensuite travaillé dans différentes agences, allant du secteur hospitalier aux logements collectifs, en passant par des missions en tant que conductrice de travaux. En 2017, j'ai créé ma propre agence, TOPOLOGY -Architectures-.

Pourquoi avoir choisi l’ENSASE et qu'en avez-vous retiré ?

Ce qui m'a attirée à l'ENSASE, c'est son approche artistique et prospective, axée sur la recherche morphologique et esthétique. Au-delà des compétences techniques, l'école m'a apporté une méthodologie de travail et un regard transversal,une culture constructive, architecturale, un regard sur nos sociétés indispensable pour aborder des projets de manière systémique. Les possibilités de changer de master m'ont aussi permis d'explorer différentes thématiques, entre habitat, recherche urbaine et esthétique.

En quoi consiste votre métier aujourd'hui ?

Je n'ai pas de journée type, mais plutôt des semaines types. Je m'organise à l'échelle du mois pour anticiper les projets à facturer et, chaque semaine, je mets à jour un tableau de suivi. Je jongle entre phases de conception, dessins, pièces administratives (comme les permis de construire), suivi de chantier, formations en CQP Conducteur de travaux, audits énergétiques, diagnostics ou relevés techniques. Ce métier est très varié.

Quelles sont, selon vous, les qualités requises pour exercer ce métier ?

L'opiniâtreté est essentielle. Il faut savoir mener un projet jusqu'au bout tout en maintenant une ligne directrice forte et  ainsi un équilibre entre une vision forte et  une écoute. On doit concilier les attentes du maître d'ouvrage, les contraintes techniques, économiques et contextuelles. Il faut être persévérant, mais aussi souple, diplomate mais savoir être intransigeant quand il le faut.

Quels sont les principaux défis que vous avez rencontrés ?

J'ai dû m'opposer à un client qui souhaitait travailler avec une entreprise inadaptée. Il a fallu protéger son projet, quitte à rompre le contrat. Un autre défi récurrent concerne la promotion immobilière : on nous limite parfois à un rôle de "suivi architectural", sans moyens réels d'action, tout en conservant les mêmes responsabilités. Cela crée des tensions éthiques et techniques. C'est pourquoi je préfère les structures à taille humaine.

Quel conseil donneriez-vous à un étudiant qui souhaite suivre votre voie ?

Ne suivez pas un modèle, mais construisez le vôtre. Il existe autant de façons de pratiquer que d'architectes. Même si je travaille seule, je collabore et échange avec de nombreux partenaires (artisans, bureaux d'études, confrères). Le réseau est crucial, mais pas uniquement entre architectes : ouvrez-vous à d'autres sphères professionnelles. L'important est de définir une pratique qui vous correspond.

Un dernier mot pour conclure ?

C'est un métier exigeant mais fondamental pour tous. Il faut rester passionné sans s'oublier : notre culture du surmenage n'est pas saine. Il faut préserver sa santé mentale et physique pour exercer sur le long terme. Si on trouve un équilibre, c'est un métier passionnant, stimulant et très riche humainement.


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