Interview de Jessy Di Natale, architecte indépendante et fondatrice de l’agence ADN

Interview de Jessy Di Natale, architecte indépendante et fondatrice de l’agence ADN

Diplômée architecte d’État de l’ENSASE en 2012, Jessy Di Natale revient sur son parcours et ses choix professionnels. Après huit années passées en agence et chez un promoteur, Jessy Di Natale décide de revenir à sa vocation première : l’habitat individuel. En 2021, elle crée ADN Architecture, une structure à son image, tournée vers les particuliers et les investisseurs locatifs. Architecte indépendante et enseignante, elle partage ici son quotidien varié, ses défis, et ses convictions. Un témoignage motivant pour les futurs architectes en quête de sens et d’impact.

Pouvez-vous vous présenter brièvement ?

Je m’appelle Jessy Di Natale, je suis architecte et enseignante. J’exerce en libéral depuis 2021, à Lyon. Je suis arrivée dans cette ville en 2012, juste après avoir obtenu mon diplôme. Avant de me mettre à mon compte, j’ai travaillé pendant huit ans dans plusieurs agences d’architecture à Lyon et à Saint-Étienne, ainsi que chez un promoteur lyonnais.

Durant cette période, j’ai eu l’opportunité de travailler sur des projets très variés : ERP (Établissements Recevant du Public), logements collectifs, centres commerciaux. Aujourd’hui, à travers mon agence ADN Architecture, je me spécialise dans l’habitat individuel, qu’il soit neuf ou rénové. Ce choix est motivé par ma vocation initiale : concevoir des logements pour des particuliers.

Pouvez-vous nous parler de votre métier, de vos responsabilités au quotidien, ce que cela implique pour vous, et des différentes étapes d’un projet de construction neuve ou de rénovation ?

Il n’y a pas vraiment de journée type dans mon métier. Chaque semaine est différente. Je peux avoir des rendez-vous clients, faire des visites de chantier ou travailler sur la conception de projets. Je participe aussi à des événements de réseautage comme des clubs d’affaires ou des afterworks pour trouver de nouveaux partenaires ou clients. À cela s’ajoutent la communication sur les réseaux sociaux, la gestion administrative et comptable de mon entreprise, ainsi que l’enseignement : je donne des cours de logiciel et de conception de projet en école.

Dans le cas d’une construction neuve, la première étape est d’aller voir le terrain avec le client. Ensuite, j’étudie le plan local d’urbanisme pour vérifier la faisabilité du projet. J’analyse également le programme souhaité et son aspect financier. Une fois tout cela validé, je propose des esquisses. Ensuite, vient la demande de permis de construire, suivie des plans détaillés pour chaque corps de métier (électricien, plombier, maçon, etc.) afin d’établir des devis précis et comparer les offres des entreprises.

Pour la rénovation, le processus est similaire, sauf que l’on part d’un bâtiment existant. Je réalise un relevé précis au laser que je retranscris ensuite en 3D. Puis on suit les mêmes étapes que pour une construction neuve.

Préférez-vous travailler sur des projets neufs ou de rénovation ?

J’ai été principalement formée à travailler sur du neuf, notamment lors de mes expériences en agence ou chez le promoteur. Mais aujourd’hui, la demande pour la rénovation, notamment énergétique, est très forte. Je tends donc de plus en plus vers ce type de projets, sans pour autant délaisser le neuf.

Quelles qualités pensez-vous qu’il est nécessaire de posséder pour exceller dans votre domaine ?

Je dirais qu’il faut avant tout être à l’écoute des clients, capable de s’adapter à leurs besoins. Certains me demandent simplement un permis de construire, d’autres attendent un accompagnement complet, presque « clé en main ». Il faut aussi savoir rebondir, être réactif, et proposer des solutions adaptées à chaque situation.

Quel défi considérez-vous actuellement comme le plus important à relever ?

Ce qui me sort de ma zone de confort, c’est la communication. Me mettre en avant sur les réseaux sociaux ou participer à des interviews comme celle-ci n’est pas naturel pour moi. L’enseignement aussi a été un défi, que je n’avais pas envisagé  avant d’être à mon compte. Enfin, convaincre certains clients de l’utilité d’un architecte, comparé à un dessinateur, peut parfois être difficile. Il faut leur faire comprendre la plus-value de l’accompagnement personnalisé, de l’expertise apportée par l’architecte et de l’implication dans le projet. 

Pourquoi avez-vous choisi l’ENSASE ?

J’avais postulé à quatre écoles en région Auvergne-Rhône-Alpes. J’ai été retenue directement à l’ENSASE, ce qui me convenait parfaitement car j’avais grandi à 30 minutes de Saint-Étienne. L’école étant située en centre-ville, à taille humaine, cela correspondait bien à mes attentes, contrairement à d’autres écoles plus éloignées ou plus grandes. J’ai obtenu mon diplôme d’architecte d’État en 2012, puis ma HMONP (habilitation à la maîtrise d'œuvre en son nom propre) en 2013.

Comment est-ce que vous voyez les prochaines années ?

J’aimerais que mon agence évolue vers des projets plus écologiques, comme les maisons passives, qui consomment très peu d’énergie. Et je souhaite continuer à enseigner.

Auriez-vous un ou plusieurs conseils pour ceux qui aimeraient se lancer ?

Je dirais de ne pas renoncer à ce qui les a poussés à choisir cette voie. J’ai moi-même créé mon agence pour retrouver ce lien avec l’habitat individuel, ma vocation de départ. Il faut persévérer, tout en restant ouvert à d’autres opportunités : les études en architecture ouvrent de nombreux chemins. Je leur conseillerais également de profiter de la durée des études pour explorer, voyager, expérimenter, comme j’ai pu le faire en quatrième année, où j’ai eu l’opportunité de passer une année à l’école d’architecture de Québec, de voyager aux Etats-Unis et de découvrir   la photographie argentique. Je recommande à tous les étudiants qui le peuvent de tenter l’expérience Erasmus, qui vous fait grandir et vous marque à jamais.

Articles pouvant également vous intéresser