Interview alumni : Téman DUBO, intervenant lors des Crossroads 2024

Interview alumni : Téman DUBO, intervenant lors des Crossroads 2024

Découvrez Téman DUBO, étudiant en Master 2 à l’ENSASE intervenant lors de l’édition 2024 des Crossroads. Un événement annuel qui favorise les échanges entre professionnels et étudiants autour des multiples pratiques de l’architecture. Il partage avec vous son retour d’expérience. 

Pouvez-vous vous présenter ?

Je m'appelle Téman DUBO, j’ai 25 ans et je suis actuellement en master 2 à l’ENSASE. J’ai eu l’opportunité de participer aux Crossroads 2024 en tant qu’étudiant intervenant. Lors de cet événement, j’ai présenté une série d’expériences professionnelles que j’ai pu vivre dans différents contextes liés à l’architecture, mais souvent en dehors de ses formes les plus conventionnelles : notamment au CIVA à Bruxelles, au Centre Pompidou, en agence, ou encore en collectif. L’idée était d’échanger sur des pratiques alternatives, des expérimentations qui questionnent le métier d’architecte et ses contours.

Comment définiriez-vous les Crossroads 2024 ?

Pour moi, les Crossroads sont avant tout un événement annuel de rencontres et d’échanges entre étudiants et professionnels. L’objectif est de montrer la richesse et la diversité des pratiques en architecture. Ce n’est pas un format figé : il évolue et s’ouvre à des profils très différents. Ce n’est pas limité à une année ou à une promotion spécifique. C’est pensé pour être accessible à tous et pour refléter la pluralité des parcours. C’est ce qui fait la force de cet événement : il permet de dépasser les représentations classiques du métier.

Comment vous êtes-vous préparé à intervenir dans ce cadre ?

Me préparer à intervenir a été un vrai exercice d’introspection. Se présenter implique de revenir sur son parcours, sur ses choix, de mettre des mots sur ce qu’on fait, sur ce qu’on est en train de construire. Il faut aussi réfléchir à la posture qu’on souhaite adopter face aux autres. J’ai choisi d’assumer une posture de doute, d’expérimentation, d’ouverture. C’est une manière sincère de parler de ce que je vis en tant qu’étudiant, et je crois que c’est aussi ce qui m’a permis de me sentir légitime dans ce cadre, malgré mes hésitations initiales. Ce n’est pas évident de se retrouver aux côtés de professionnels avec des projets solides et aboutis, mais j’ai fini par comprendre qu’il fallait aussi donner une place aux profils en construction, à ceux qui explorent sans avoir encore choisi une voie définie.

Quel était le sujet de votre présentation ?

Ma présentation reposait sur deux expériences principales. La première a eu lieu au CIVA, à Bruxelles, où j’ai travaillé sur la question de l’archive au sein du bureau de production scénographique. Plus concrètement, il s’agissait de concevoir du mobilier pour valoriser des archives au sein des futurs locaux du Kanal - Centre Pompidou, et d’explorer comment celles-ci pouvaient devenir des outils de médiation, de transmission. La seconde expérience s’est déroulée au Centre Pompidou de Paris, toujours autour de l’archive, mais cette fois avec une approche plus traditionnelle. L’idée était d’assurer la conservation d’archives liées à l’architecture et d’utiliser différents supports (projets d’exposition, vidéos, conférences) pour mettre en valeur des archives liées à l’architecture, les réinterroger et réfléchir à leur portée critique. La présentation s’est finie sur le teaser d’un projet en cours de malle pédagogique pour des écoles primaires visant à utiliser l’architecture comme outil pédagogique, de transmission et d’apprentissage à la fois scientifique, civique et pratique. Dans tous les cas, l’enjeu était de mobiliser les outils de l’architecte et d’en tester assez librement le potentiel et les limites.

Quel impact cette expérience a-t-elle eu sur votre projet professionnel ?

Je dirais qu’elle a renforcé des choses que je pressentais sans toujours les formuler. En préparant mon intervention, j’ai structuré une forme de socle : je me suis rendu compte que je commence à maîtriser certains outils, comme le dessin, la médiation, l’archive ou le podcast. Ces compétences forment une sorte de palette, mais je ne sais pas encore exactement dans quel sens je veux les orienter. C’est une question que je suis encore en train d’explorer, et je me rends compte que c’est aussi une chance de ne pas avoir à choisir immédiatement. Il y a un certain confort à pouvoir rester dans cette phase de recherche. J’en suis reconnaissant.

Qu’avez-vous mis en place pour avancer dans votre réflexion ?

Je crois que la curiosité est un moteur essentiel. Je ne suis pas quelqu’un qui suit une méthode stricte pour construire son avenir. C’est plutôt une forme d’exploration intuitive. Je vais chercher un peu partout, sans forcément savoir ce que je cherche. C’est comme ça que je suis arrivé en école d’architecture, puis aux Crossroads. Je laisse les choses ouvertes, je saisis les opportunités au fur et à mesure. C’est une manière de construire mon projet en avançant pas à pas,.

Pour faire mon introspection, j’ai commencé par revisiter mon parcours depuis mon entrée en école d’architecture. Les études, surtout la licence, n’ont pas vraiment été simples pour moi. J’ai essayé de comprendre ce que j’avais tiré de ces années-là, de mes stages, de mes petits boulots. Mais je ne me suis pas contenté de me regarder moi-même : j’ai aussi demandé des retours à mes proches, à mes encadrants de stage, à certains enseignants. Leurs points de vue m’ont permis de voir des choses que je n’avais pas perçues seul. Cette introspection a donc été à la fois personnelle et collective.

Que diriez-vous à un étudiant qui voudrait intervenir aux Crossroads ?

Je lui dirais d’abord de ne pas trop s’inquiéter. Le cadre des Crossroads est très bienveillant, et c’est important de le rappeler. Ensuite, je pense qu’il faut prendre le temps de se poser des questions sur ce qu’on veut transmettre, sur ce qu’on veut mettre en avant dans son parcours. Il ne s’agit pas forcément d’avoir des réponses toutes faites, mais de réfléchir à ce que notre témoignage peut apporter aux autres. On ne partage pas pour imposer un modèle, mais pour ouvrir des pistes. Et puis, il ne faut pas oublier que ce cheminement dépend aussi de nos privilèges économiques, sociaux et culturels. On n’est pas tous dans les mêmes conditions pour explorer. L’essentiel, c’est juste d’ouvrir des possibles.

Que conseilleriez-vous à un étudiant qui cherche sa voie ?

Ironiquement, je ne suis pas tout à fait la bonne personne pour parler d'orientation professionnelle mais il y a cette citation d'un livre de Karelle Ménine que je trouve assez appropriée et qui dit : "la fouille hasardeuse est un geste tranquille - de ne rien chercher on ne peut que trouver quelque chose." Ce n'est clairement pas une formule miracle pour atteindre un objectif fixé, ni une incitation à ne rien faire mais plutôt une invitation à sortir d'une peur de l'incertitude quand on ne sait ni quoi ni où chercher. Je dirais donc qu'il ne faut pas attendre de savoir où l'on va pour commencer à chercher comment s'y rendre. Il faut plutôt saisir pleinement toutes les opportunités qui se présentent à nous pour développer des outils, un regard sur les choses, faire des rencontres, et le jour où l'on tombe sur ce qui nous plaît, toutes ces expériences aussi courtes qu'elles soient nous permettent de nous engager sans crainte dans la voie de notre choix. 

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