Interview alumni : Martine Reymond - promo 1976

Interview alumni : Martine Reymond - promo 1976

Et si on faisait un saut en 1970, lorsque l’ENSASE a vu le jour dans un contexte post 68 ? Martine Reymond fut dans la première promotion - de quatre étudiants - de l’école de Saint Etienne et nous partage ses expériences dans le milieu hospitalier. Un témoignage riche en enseignements et qui montre la diversité des métiers auxquels un architecte peut prétendre.

Bonjour Martine, pouvez-vous nous parler de votre parcours académique ?

A 17 ans, j’ai entamé une première année d’étude à l’école d’architecture de Lyon. Cette année était particulière puisque nous étions en 1969, un an après la dissociation des écoles avec les Beaux Arts. Après un court passage à Paris, je suis revenue m’installer à Saint Etienne avec pour ambition de devenir ingénieur.

J’ai donc repassé un bac scientifique pour prétendre à cette voie, tout en donnant des cours de mathématiques au fils du directeur des Beaux Arts ; ce dernier était  par ailleurs missionné par le Maire de St Etienne pour créer une école d’architecture. Il m’a donc chargé de trouver des étudiants pour ouvrir les deux premières promotions de l’ENSASE, il y a 52 ans. Six ans plus tard, en 1976, me voici diplômée du DPLG de l’école.

Avez-vous une anecdote liée à votre passage à l’ENSASE ?

J’ai eu une chance inouïe le jour de ma diplomation : Le soir même, le directeur de l’école s’est rendu chez moi pour me signaler que le maire me proposait une mission d’étude sur le quartier Tarentaize de Saint-Étienne.

Comment en êtes-vous venu au poste d’ingénieur en chef au CHU de Saint Etienne ?

Ma première expérience à l’agence d’urbanisme, s’est arrêtée au bout d’un an. Après plusieurs petites expériences en libéral et chez des architectes, j’ai vu une annonce pour le poste d’ingénieur subdivisionnaire à l’hôpital. 

Début 1979, j'ai ainsi intégré le CHU de Saint-Etienne sous la casquette d’ingénieur, le début d’une expérience de 15 ans. A cette époque, la loi avait récemment changé et un architecte devenait nécessaire pour la signature des permis de construire. Contre toute attente, l’ingénieur en chef a mis un terme à sa carrière un an plus tard, et, à 28 ans, je me retrouve parachutée à son poste.

Concrètement, quelles étaient vos missions ?

Ma grande mission était de remettre en marche le chantier de l'hôpital Nord, arrêté depuis 6 mois. Il y avait une grande partie de négociation avec les entreprises pour la reprise du chantier mais aussi avec le ministère de la santé, celui de Simone Veil, pour l’allongement des crédits.

Pourtant jeune, la direction m’a donné carte blanche pour mener à bien cette mission avec sous mon aile un service grandissant de 80 personnes. La direction des services techniques a un panel de mission : elle planifie, programme, construit, rénove, exploite et maintient le patrimoine immobilier et technique. Concrètement, nous avions une centaine de projets par an, de toutes les échelles, de la création de petits bureaux dans un coin à la reconstruction d’un site complet.

Pouvez-vous nous parler de votre expérience dans la fonction publique territoriale de la partie française de Monaco ?

J’ai quitté le navire pour rejoindre une petite mairie aux abords de Monaco, et quelle différence ! Mes missions allaient de la collecte des ordures ménagères, à la gestion de patrimoine et de l’urbanisme, en participant aux conseils municipaux. 

Cependant, les enjeux fonciers liés à la position géographique et politique de la mairie,m’ont conduite à assurer mes arrières en demandant mon inscription sur la liste d’aptitude des directeurs d'hôpitaux.

Comment avez-vous opéré votre retour dans le milieu hospitalier ?

Par les recommandations d’un ancien collègue du CHU de Saint Etienne, j’ai accédé au poste de DRH de l’hôpital de Draguignan. Un poste où on construit non pas des bâtiments mais des organisations humaines. J’ai également été chargée des affaires générales et de la qualité .J’ai donc mis au placard mon côté ingénieur durant 12 ans, pour mieux y revenir avec un poste de directeur de travaux à l'hôpital de Cannes.

Me voici à nouveau plongée dans la reprise d’un chantier arrêté avec une équipe de 45 personnes. J’ai intégré des missions de planification et de gestion de patrimoine ainsi que de suivi du secteur Personnes âgées , proches du terrain et des utilisateurs, Puis j’ai pris ma retraite de façon progressive en ayant la chance de pouvoir transmettre à ma successeur.

Finalement, comment être un bon manager ?

La première chose, c’est savoir écouter car un architecte est amené à travailler dans de nombreux domaines, de l’opéra à l'hôpital. Il faut de l’énergie et l’ambition à mener à bien les projets  Aussi, il faut se faire respecter par la compétence. Je dis par là qu’il faut savoir transformer ce qu’on écoute en une valeur ajoutée pour que vos interlocuteurs trouvent  la réponse à leurs besoins.

Je rajouterais qu’un bon manager est un chef d’orchestre qui doit faire preuve de rigueur puisqu’il faut mettre en place des cadres afin que chacun trouve sa place dans des plateformes d’échange.

Le réseau vous a permis d'accéder à des postes à responsabilité, diriez-vous qu’il est nécessaire ?

Bien sûr, le réseau est nécessaire mais encore faut-il être dans le bon. Je pense que le réseau des architectes est une force mais malheureusement avec trop de concurrence. Il faut donc savoir s’ouvrir à d’autres horizons. Outre le réseau, il faut parfois faire preuve de culot pour créer des opportunités professionnelles.

Le mot de la fin ?

J’étais très fière d’être architecte et notamment d’amener de la beauté dans les espaces hospitaliers, où les gens souffrent. Il est utile que des architectes soient dans la fonction publique, afin d’y accompagner le travail des architectes libéraux Je pense qu’aujourd’hui le métier est malheureusement devenu moins généraliste et qu’il est important d’avoir le courage de changer de métier tout au long de sa carrière.


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