Interview alumni : Alexis MONJAUZE, éco-architecte

Interview alumni : Alexis MONJAUZE, éco-architecte

Découvrez Alexis MONJAUZE, architecte engagé installé au Puy-en-Velay depuis plus de vingt ans. Après avoir obtenu son diplôme en 1997, il a d’abord travaillé dans le champ de l’urbanisme et de la médiation, avant de rejoindre la maîtrise d’ouvrage publique. À 37 ans, il ouvre sa propre agence. Loin des standards conventionnels, Alexis privilégie les matériaux biosourcés, les formes douces, les bâtiments sans chauffage ni climatisation, et s’inscrit dans une démarche respectueuse du vivant et du paysage. À travers cette interview, il partage sa trajectoire, ses engagements et son parcours.

Pouvez-vous vous présenter ? 

Je suis Alexis MONJAUZE, architecte au Puy-en-Velay depuis maintenant 20 ans. J’ai obtenu mon diplôme en 1997 à l’école d’architecture. Mon parcours m’a d’abord mené vers l’urbanisme et la médiation, en cofondant l’association Robin des Villes, où j’ai travaillé pendant 4 ans. Ensuite, j’ai exercé pendant 7 ans en tant qu’ingénieur territorial à la communauté d’agglomération du Puy-en-Velay, en maîtrise d’ouvrage publique. Puis, à 37 ans, j’ai décidé d’ouvrir ma propre agence.

Comment décririez-vous votre agence aujourd’hui ?

Nous avons emménagé dans nos bureaux en 2011, alors que l’agence existait déjà depuis 7 ans. Nous avons rénové les lieux en utilisant à 90 % des matériaux biosourcés ou géosourcés. L’isolation a été poussée au maximum, avec des triples vitrages, car on a 37 m² de façade vitrée sur 120 m² de bureaux. Ce choix, bien que rare, a été validé par les études thermiques que nous avons menées.

Nous sommes 5 collaborateurs en permanence, parfois un peu plus selon l’activité. Une partie des bureaux est en cotravail avec trois emplacements que nous sous-louons à des bureaux d’études ou des artisans. En ce moment, je travaille avec une consœur architecte, Carine Bernard, qui partage notre éthique et qui pratique aussi la géobiologie.

En quoi consiste la géobiologie ? 

C’est une discipline qui étudie les influences des courants naturels (telluriques ou cosmiques) sur le vivant. On est à la frontière de l’ésotérisme, mais ce sont des savoirs anciens qu’on retrouve dans le feng shui ou chez les sourciers. 

Nous mettons cette pratique en place pour certains de nos clients qui sont intéressés par le sujet. Certains ne veulent pas en entendre parler, d’autres sont intrigués. Ce n’est pas très onéreux, mais il faut une certaine ouverture d’esprit. Ce n’est clairement pas pour ceux qui ont des certitudes rigides.

Quelles sont vos missions au quotidien ? 

On fait principalement de la rénovation, pour le reste, c’est du neuf. 90 % de nos clients sont des privés. Car nos valeurs autour de l’éco-construction ne résonnent pas toujours avec les politiques publiques actuelles. Dans le privé, c’est moitié particuliers, moitié entreprises ou associations. On a travaillé avec Emmaüs, des cabinets dentaires, des commerces, des bureaux… En ce moment, on reconstruit une brasserie artisanale.

Pourquoi avoir choisi le côté écologique de la construction ?

J’ai grandi dans cet état d’esprit, grâce à mes parents et mes grands-parents. À l’école d'architecture, j’ai été choqué par le manque de considération pour la nature dans les chantiers. Aujourd’hui, ça s’est amélioré, mais il reste du chemin. Il y a 40 ans, on savait déjà construire des bâtiments sans chauffage. Et pourtant, on continue à faire des constructions énergivores.Je ne suis pas partisan des interdictions, mais quand on a les moyens de s’émanciper d’EDF ou de Total, pourquoi ne pas le faire ? Dans notre agence, on construit sans chauffage central. On ne transige pas sur ces principes, sauf cas particuliers, comme pour des bâtiments accueillant des personnes vulnérables.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans le métier d’architecte ?

La forme. L’architecture, c’est avant tout une question de formes. J’aime les concevoir, les observer, surtout les courbes. On travaille beaucoup autour des formes courbes dans l’agence, et contrairement aux idées reçues, ce n’est pas toujours plus cher. Il y a aussi la relation au paysage : comment construire sans abîmer ? Comment s’intégrer harmonieusement ? On ne construit pas seulement pour nos clients, mais aussi pour le paysage et les voisins. Quand on érige un bâtiment, il devient l’environnement de quelqu’un d’autre. J’aime cette responsabilité.

Quels conseils donneriez-vous à un futur architecte ?

Je lui dirais : vas-y, mais sache pourquoi tu le fais. Ce métier demande de l’engagement, de la persévérance et une certaine éthique. Il faut avoir envie de construire du sens, pas seulement des murs. Et ne pas se laisser décourager par les contraintes ou les habitudes du milieu. Il y a de la place pour faire autrement. Pour faire mieux. Il faut juste oser.

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